Axelle Desaint : Cette journée internationale a été lancée il y a 21 ans : si Internet existait déjà, les réseaux sociaux et les smartphones commençaient à peine à émerger. Depuis, de nouvelles techniques, mais aussi de nouvelles menaces, sont progressivement apparu. Au départ, on évoquait surtout la menace de l’adulte malveillant qui cherche à nouer une relation de confiance avec un mineur dans le but de l’exploiter, par exemple en récoltant des photos intimes. Cette menace est toujours bien réelle, c’est ce qu’on appelle le « grooming ». Mais le développement des réseaux sociaux a entraîné de nouvelles menaces, les « cyber- violences », dont fait partie le cyberharcèlement. Mais ça commence déjà avec des commentaires malveillants ou des photos partagées sans consentement.

La rédaction : Que risque un ado qui tient des propos racistes, sexistes, insultants ?

Axelle Desaint : On a une responsabilité pénale à partir de 13 ans et il faut comprendre que la loi s’applique à la vie réelle et à la vie en ligne. Ce qui est interdit dans la vie de tous les jours est aussi interdit sur les réseaux. Le Safer Internet Day est justement consacré à notre responsabilité en ligne pour ne pas avoir un comportement malveillant ou relayer des propos dangereux.

La rédaction : qu’est-ce qui fait peur aux ados sur Internet ?

Axelle Desaint : D’abord le harcèlement, le fait d’être persécuté, mais aussi de voir son identité numérique utilisée par une autre personne. 1 ado sur 4 a déjà vécu cette situation, soit comme victime, témoin ou harceleur. De nombreux jeunes ados sont aussi choqués par les contenus pornographiques.
Certains en deviennent dépendants, et on sait que la vision répétée de ces contenus altèrent la représentation de l’amour, des sentiments et de la sexualité. Il y a enfin la question du temps d’écran, qui inquiète les parents, mais aussi de nombreux jeunes qui demandent de l’aide.

La rédaction : que faire si on est choqué par ce qu’on voit sur Internet ?

Axelle Desaint : Il faut un réflexe du doute : ce que je vois sur Internet, sur les réseaux, est-il vrai ? Qui est l’auteur ? Car il est facile de manipuler les images et les vidéos, et de désinformer. Il faut se fier à des médias reconnus. C’est bien aussi d’oser en parler, notamment avec les parents, qui peuvent accompagner, expliquer, réconforter.

Cette interview est tirée du magazine Géo Ado, disponible en kiosque. Elle a été réalisée dans le cadre du Safer Internet Day, une journée de sensibilisation des plus jeunes aux usages du numériques.