Avant de savoir marcher, un enfant traverse de nombreuses étapes, à la fois motrices et émotionnelles. Cette conquête de l’autonomie ne se force pas : elle se construit naturellement, à son rythme. Aude Buil, chercheure, formatrice psychomotricienne et PhD nous explique comment accompagner au mieux son enfant dans cette étape clé du développement.

 
De quoi dépend l’acquisition de la marche ?

L’acquisition de la marche repose d’abord sur des principes de maturation neuromotrice, puisque le cerveau commande les muscles et permet au tout-petit de coordonner ses mouvements. Avant de marcher, bébé a donc besoin de connaître son corps et de le maîtriser. Mais des prérequis psychoaffectifs entrent aussi en jeu, car l’enfant doit avoir la curiosité et l’envie d’explorer. Pour faire ses premiers pas, il faut être prêt dans son corps et dans sa tête !

Faut-il stimuler bébé à marcher ?

La marche vient spontanément, il faut laisser bébé se débrouiller seul. Tendre les mains à un enfant lui donne faussement l’impression qu’il maîtrise son corps debout : il devient alors dépendant des bras de l’adulte et n’expérimente pas son équilibre. C’est pour cette raison que les parents ont intérêt à mettre bébé au sol, sur le ventre, dès les premiers mois, pour lui permettre d’explorer son environnement. Ils peuvent aussi le laisser pieds nus le plus souvent possible ou l’encourager à découvrir diverses textures (terre, pelouse, etc.).

Quand faut-il s’inquiéter ?

À partir de 12 mois, si bébé n’a pas acquis de mode de déplacement au sol (4 pattes, ramper, etc.), parlez-en au généraliste ou pédiatre qui suit l’enfant. Et si à 18 mois l’enfant n’a toujours pas expérimenté la verticalisation, il faut en discuter avec un médecin, qui peut prescrire un bilan psychomoteur pour mieux comprendre ce qu’il se passe. Souvent, les parents sont inquiets avant ces périodes et doivent s’écouter, car ils connaissent leur enfant mieux que personne et repèrent ses particularités de développement.

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Aïe !

Des chercheurs ont constaté que les bébés portant une couche jetable ou lavable tombaient bien plus souvent que ceux qui n’en portaient pas. L’épaisseur du tissu entre les jambes de bébé pourrait donc avoir un impact sur son équilibre !

(Selon une étude menée par l’université de New York.)

Un peu d’histoire…

La marche rassure les parents. Mais cette volonté de voir bébé en position verticale le plus tôt possible est un héritage du Moyen Âge. À cette période, le sol en terre battue était si sale et dangereux qu’il valait mieux que l’enfant sache marcher rapidement. Aujourd’hui, les sols sont propres (même en milieu urbain), il faut donc laisser bébé aller à son rythme !

L’acquisition de la marche pas à pas

En préambule

Bébé se retourne (ventre/dos). Puis il acquiert un mode de déplacement au sol (4 pattes, ramper, marche fessière).

On y est presque…

Bébé se met seul en position assise et tient debout sans appui quelques secondes. Il marche ensuite sur le côté : on dit qu’il « cabote ».

Vrai marcheur !

Bébé stabilise et coordonne ses mouvements. Puis, comme les adultes, il pose d’abord le talon avant les orteils. Bientôt, il saura courir, grimper, marcher à reculons, monter et descendre les escaliers (avec la rampe) et sauter !

Bien dans ses baskets

S’il est conseillé de laisser bébé pieds nus, il a tout de même besoin de chaussures dans les espaces publics. Mais quelle paire choisir ? Voici nos recommandations :

  • À la bonne taille (vous pouvez passer un index au niveau du talon).
  • À scratchs ou à lacets (pour s’adapter à la largeur du pied de bébé).
  • En cuir pour que le pied respire.
  • Avec des semelles souples et antidérapantes.
  • Légères.
  • Sans voûte plantaire artificielle pour le bon développement de bébé.

NB : Si vous optez pour l’occasion, évitez les chaussures trop usées, car il est difficile et dangereux pour un tout-petit de marcher avec des souliers qui ont épousé les pieds d’un autre bébé !

Des premiers pas en sécurité

  • Mettez des protections d’angle en silicone sur les meubles.
  • Fixez les meubles aux murs.
  • Tenez hors de portée les médicaments, produits d’entretien, etc.
  • Installez des barrières de sécurité en haut des escaliers.
  • Fermez vos meubles avec des bloque-portes.
  • Utilisez des cache-prises.
  • Retirez les tapis.


Dossier réalisé par Marie Greco.