Pourquoi l’histoire du soir est importante pour l’enfant ?
C’est le moment de coucher votre enfant. Vous savez que vous n’échapperez pas à la fameuse histoire du soir. Il vous la réclame à cor et à cri. Mais pourquoi est-elle si importante pour lui ?
Explications de Maryline Moretto, psychologue.
- Le soir, moment d’angoisse pour l’enfant
Le coucher constitue pour l’enfant un moment de transition, générateur d’angoisses. Il doit surmonter la disparition du parent pendant la nuit et accepter d’entrer dans un monde où il ne contrôle plus rien : celui des rêves et des cauchemars.
- Le rituel du coucher
L’enfant a donc grand besoin d’être rassuré. La mise en place d’un rituel où se répètent chaque jour les mêmes actions (on se lave les dents, on prend le doudou, on allume la veilleuse…) contribue à lui donner des repères et lui permet de se sentir en sécurité. L’histoire du soir prend une place toute particulière dans ce rituel du coucher. C’est un moment de transition entre l’excitation de la journée et l’apaisement de la nuit. L’enfant peut lâcher prise et entrer sereinement dans le sommeil.
- Un moment d’intimité et de confiance
LCe temps de l’histoire est aussi celui où parent et enfant vont se retrouver pour partager un moment d’intimité et de confiance. Blotti sous la couette, on laisse de côté les préoccupations de la journée, le téléphone portable est éteint, on est fin prêt pour découvrir l’histoire du soir. On murmure, on se câline, on joue avec les mots et on savoure ce moment calme et apaisant. Mais si certains soirs, on ne se sent pas d’attaque, mieux vaut faire autre chose. Cela doit rester un plaisir et surtout pas une contrainte !
- Des histoires pour dépasser ses difficultés et grandir
Plongé dans l’histoire, l’enfant va s’identifier aux personnages et se projeter dans les aventures racontées. « Tiens, lui il est comme ça. Moi tu sais, je ne fais pas ça ! Mais là tu vois, c’est comme moi ». Il va se rendre compte qu’il n’est pas seul à vivre certaines situations et trouver des réponses à ses questionnements. On peut échanger avec lui sur l’histoire : lui demander si ce genre d’expérience lui est déjà arrivée, ce qu’il ressent… Le soir, au creux de l’oreiller, l’enfant va plus facilement se livrer et parler de ses préoccupations. Parfois, l’enfant demande à lire tous les soirs la même histoire. C’est une forme de ritualisation qui lui permet de se rassurer et de trouver des réponses à ses angoisses. D’une lecture à l’autre, l’enfant veut vérifier que l’issue est bien toujours la même. Le Petit Poucet, si petit, impuissant, arrivera-t-il toujours à s’en sortir ?
- Découvrir la langue écrite
Lire une histoire, c’est aussi découvrir la langue et l’écrit. On joue avec les mots, on en découvre de nouveaux et on s’approprie la syntaxe. On donne envie à l’enfant de décoder par lui-même les lettres et les mots. Quand il commence à déchiffrer l’écrit, on l’accompagne dans son apprentissage en lisant l’histoire en alternance : on découvre alors un autre plaisir, celui de la lecture à deux voix.
- Écouter une histoire
Si certains enfants préfèrent se retrouver seuls pour lire, d’autres réclament l’histoire du soir alors qu’ils sont déjà de bons lecteurs. Ils ont tout simplement besoin de retrouver ce lien rassurant, ce moment intime partagé avec le parent. Comme le dit Pennac, fervent défenseur de la lecture à voix haute : « Nos mots ont besoin de corps ! Nos livres ont besoin de vie ! » Alors, pourquoi s’en priver ? Milan presse édite plusieurs magazines avec des récits parfaits pour une lecture du soir.