Entrée en musique

Deux fois par mois, Cécile Couloumiers, musicienne intervenante formée au conservatoire, vient à la rencontre des enfants de la crèche. Armée de son synthé, elle les accueille dans un dortoir, réaménagé pour l’occasion avec des coussins et des tapis. Chacun peut ainsi s’installer confortablement. Les enfants commencent la séance par une chanson de bienvenue qui les invite à se présenter. Outre le fait de mettre les enfants en condition, ce rituel est aussi le moyen pour Cécile de suggérer que, le matin, lorsque l’on se voit pour la première fois, il est de bon ton de se dire bonjour !

 

« J’ai un nom, un prénom,
Deux yeux, un nez,
un menton,

Dis-moi vite ton prénom

Pour continuer la chanson.

− Je m’appelle Cécile.

− Bonjour, Cécile ! »

 

Animer pour captiver

Cécile n’anime pas sa séance d’éveil musical seule : un casting de rêve l’accompagne dans sa mission ! Les transitions se font ainsi grâce à des marionnettes qui interviennent tout au long de la cession. Pas de temps mort, tout s’enchaîne !
Musiquette, une marotte, ouvre le bal, suivie d’un poisson, d’un chien et d’un hibou. Ce genre d’animation capte l’attention des enfants et joue sur l’affect déclenché par les doudous. Ainsi, ces petits personnages qui font leur apparition entre chaque séquence aident aussi Cécile à faire passer les consignes : il est temps de ranger un instrument ? Pas de souci, le poisson gourmand est là pour le récupérer. Et le lui rendre, c’est vraiment amusant !

Des enfants très réceptifs

Cécile fait face à un public tout acquis à sa cause : « Les tout-petits sont très intéressés. D’abord parce que, de manière innée, ils sont sensibles à la musique. Ensuite, parce qu’à cet âge préscolaire les enfants sont totalement désinhibés. Ils acceptent tout, participent à tout, car ils n’ont pas peur du regard de l’autre. Par la suite, on sent vraiment que l’avancée en âge et l’entrée à l’école changent la donne ». Effectivement, les enfants de la crèche chantent avec entrain : Petit escargot, Un crocodile, Le Rock and roll des gallinacés… Chacun donne de la voix et participe avec plaisir aux jeux de doigts et autres mimes que leur propose Cécile.

La musique pour grandir

Cécile n’a pas choisi les chansons de sa séance par hasard. Chacune d’entre elles a pour but de travailler une facette du développement de l’enfant. « Par le biais de la musique, qui est un plaisir, on va pouvoir aborder plein de choses, notamment le langage. Les tout-petits sont en plein dans son acquisition. Chanter les aide donc à enrichir leur vocabulaire et à progresser au niveau de l’articulation. »

 

« Le chien de ma tante

Ouvre le buffet,

La tarte le tente,

Le nez il y met (snif snif).

Il lape la soupe (slurp slurp),

Recrache le chou (prrr prrr).

Il croque la viande (croc roc),
Gobe le yaourt » (sliiip !).

 

Les comptines aident aussi à développer la motricité par le biais de mimes ou de jeux de doigts (montrer son nez, son pied…), et aussi grâce à des instruments avec lesquels les tout-petits apprennent à taper plus ou moins fort et en rythme, d’autres qu’il faut secouer, frotter… Et quand il s’agit de faire tout cela en même temps, l’exercice de coordination se révèle parfois difficile ! « Ce qu’il y a de bien, avec les tout-petits, nous confie Cécile, c’est qu’ils sont très persévérants. Ils essaient, ils insistent, quand des enfants plus grands auraient déjà laissé tomber ! »

 

La transmission d’une culture musicale

Cécile est attachée à transmettre aux enfants des comptines traditionnelles. « J’interviens également dans les écoles et je suis très surprise de constater que bon nombre d’enfants ne connaissent pas la base des chansons enfantines. Les moments conviviaux en famille ont tendance à se perdre et je pense que les nouvelles technologies n’y sont pas étrangères. Dans notre société, on nous apprend très tôt qu’il ne faut pas ouvrir la bouche, ne pas montrer ce que l’on a dedans et qu’il faut s’exprimer doucement. Toutes ces règles sont à l’opposé du chant et de la musique. Dans les pays du Nord ou en Afrique, la culture du chant est beaucoup plus développée. Les bébés ouvrent la bouche en naissant et ne la referment jamais ! » L’éveil musical participe donc à la construction de l’enfant en lui offrant la possibilité de progresser, de s’exprimer et de partager des instants de complicité avec les autres, petits ou grands, dans le plaisir de l’exploration acoustique. Les intervenants en crèche, comme Cécile, ont donc un rôle essentiel dans l’épanouissement de nos petits. Et si nous nous mettions tous à chanter ?

 

 

Dossier réalisé par Delphine Soury

 

Merci à la crèche La Maison des pitchounets de Roques-sur-Garonne, à sa directrice Karine Signori, aux enfants et à tout le personnel de la structure.

 

Photos : © Vincent Gire/Milan presse.