En quoi l’apprentissage de la propreté est-il une étape importante ?
Stéphane Clerget : Comme l’indépendance motrice, l’acquisition de la propreté fait partie des grandes étapes qui amènent l’enfant à devenir autonome. Dans ce cas précis, le changement de la couche et la toilette faite par les parents n’ont plus cours. C’est aussi une étape d’intégration sociale puisqu’il s’agit d’enseigner des règles d’hygiène. Mais du point de vue de l’enfant, c’est surtout une étape supplémentaire dans la maîtrise du corps : il doit apprendre à se retenir. Vers 3 ans, la maturité physique est atteinte, le cerveau est capable de commander les sphincters, ces muscles qui empêchent la sortie de l’urine et des matières fécales. Un tout-petit est d’abord propre le jour, mais c’est aussi à cet âge-là qu’il apprend à maîtriser sa vessie la nuit. À chacun son rythme : il convient de respecter celui de votre enfant. Certains peuvent être motivés très tôt car ils ont envie d’être grands. Mais d’autres ont aussi besoin de ressentir une attente de la part de leurs parents. En effet, aujourd’hui, les couches jetables sont très absorbantes, si bien que l’enfant, ne ressentant pas vraiment de gêne, n’est pas suffisamment motivé à devenir propre.
Comment l’inciter à devenir propre ?
- C. : On peut déjà s’interroger sur le mot « propre » : l’urine est un produit stérile, et les excréments ne sont pas plus sales que ce que l’enfant a mangé. Quand on dit : « Tu vas être propre », on sous-entend au tout-petit qu’il ne l’était pas avant. Il vaut mieux dire : « Tu vas apprendre à commander ton pipi et ton caca », pour lui donner l’idée d’un pouvoir sur son corps. Il est important d’éviter tout stress inutile. En cela, l’été est souvent la meilleure période pour les parents. L’enfant étant habillé plus légèrement, il peut enlever aisément ses vêtements. Le pot doit être attrayant et adapté. Choisissez ensemble son emplacement. Certains petits ayant peur d’être isolés, le pot n’a pas nécessairement besoin d’être dans les toilettes. Les parents peuvent également montrer comment utiliser le pot en se servant d’une poupée. Parce que c’est une notion qui dépasse les tout-petits, on peut également leur expliquer que le corps rejette ces matières parce qu’il n’en a plus besoin, mais qu’elles seront utiles dans la nature pour aider les plantes à pousser. Enfin, dès qu’on sent chez l’enfant l’envie imminente de faire caca ou pipi, on lui propose le pot. Il y a de petits signes précurseurs qu’il faut repérer, comme quand l’enfant commence à s’agiter. On peut aussi tenir compte de ses horaires, de ses habitudes, généralement après le repas. Il faut l’aider à prendre conscience des signaux afin qu’il aille petit à petit de lui-même sur le pot.
Et s’il refuse le pot ?
- C. : Bébé n’est peut-être tout simplement pas encore prêt à grandir. S’il ne semble pas motivé, mieux vaut ne pas entrer en conflit et reporter l’apprentissage de quelques semaines. Il peut aussi refuser le pot parce qu’il ressent une trop grande pression de ses parents. Cela peut être un cas d’opposition : plus vous insisterez, plus votre enfant se bloquera. Certains ont également l’impression de perdre un morceau de leur corps, et cela les angoisse. C’est une peur inconsciente qui peut justifier une prise en charge psychologique. Ou, au contraire, l’enfant peut ne pas voir l’intérêt de devenir propre. Cela peut se produire quand les parents sont trop indifférents à cet apprentissage, se disant que tôt ou tard il finira par y arriver. Il est vrai qu’il y a vingt ans les parents étaient plus exigeants : plus l’enfant était autonome précocement, mieux c’était, car cela impliquait moins de travail de lessive. Aujourd’hui, les couches jetables permettent plus de tolérance. C’est d’ailleurs souvent l’entrée à l’école qui impose la propreté. Mais il ne faut pas pour autant tomber dans l’excès inverse, il s’agit de trouver la bonne mesure pour conforter l’enfant dans cet apprentissage.
Encadré 1 : Pipi au lit
Difficile de se maîtriser lorsqu’on est profondément endormi et plongé dans ses rêves ! On commence à parler d’énurésie nocturne quand, vers 4 ans et demi, les fuites urinaires sont régulières. Il peut s’agir d’un problème médical mais, dans la majorité des cas, le trouble est d’ordre psychologique : envie de rester bébé, arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur, deuil, déménagement…
Encadré 2 : Tous au diapason
Aujourd’hui, parents, nourrice et grands-parents sont souvent partie prenante dans l’éducation d’un enfant. Chacun a ses astuces pour mener à bien l’apprentissage de la propreté. On vous dit qu’à son âge vous étiez propre depuis longtemps ? L’un veut le laisser faire dans sa couche et l’autre le gronder ? Même si les avis sont opposés, le bien-être du tout-petit est le plus important. À chacun d’adopter la même conduite pour ne pas le perturber.