Comment sont nées les crèches Auteuil petite enfance ?

Marie de Saint Laurent : Apprentis d’Auteuil est une fondation, reconnue d’utilité publique, qui, depuis près de cent cinquante ans, aide les jeunes et les familles en difficulté. Naturellement, et parce que l’éducation est au cœur de notre projet, nos différents partenaires (mairie, CAF, PMI, associations locales…) nous ont amenés à nous intéresser à la petite enfance. C’est ainsi qu’est née, il y a quatre ans, l’association loi 1901 Auteuil petite enfance, qui accueille les enfants et leurs parents au sein de douze crèches réparties dans toute la France.

Ces crèches s’adressent-elles à un public particulier ?

M de S. L. : La petite enfance est un service à la fois d’intérêt général, mais aussi de proximité. En accord avec les mairies de chaque ville, nous avons donc choisi de nous implanter dans des lieux, des quartiers où les besoins étaient les plus marqués. Dans les faits, des familles dont souvent l’un des parents, et parfois les deux, ne travaillent pas, forment la majorité de notre public. Pour les parents qui travaillent de nuit ou en décalé, deux de nos crèches fonctionnent avec des horaires atypiques. Nous tenons également beaucoup à la mixité sociale parce que, dans la petite enfance, c’est le moment où elle se vit le plus facilement, tant du côté des enfants que de celui des parents. Mais les inscriptions passant par la mairie dans certaines municipalités, nous n’avons pas la main sur le choix des personnes qui bénéficient de nos services. Nous souhaitons simplement que tout cela se fasse en accord avec notre projet.

Justement, quel est-il ?

M de S. L. : Notre projet a été rédigé avec les différentes directrices de crèches, dans une idée de partage et de valeurs communes fortes : la bienveillance à l’égard des enfants et de leur famille, dans le respect de leur histoire et de leur culture ; la création d’un lien de confiance entre les enfants, les familles et les professionnels des crèches ; l’accompagnement de chaque enfant sur le chemin de l’éveil (nous travaillons sur le libre-agir et l’autonomie) et l’aide à la parentalité, pour les parents qui le souhaitent. Ces valeurs forment un cadre commun, mais ne sont pas un concept que l’on décline. La réalité du terrain rendrait, de toute façon, la chose impossible. Chaque crèche vit les choses différemment. Chaque directrice possède donc son autonomie et son projet d’établissement, adapté à la particularité des enfants et des familles qu’elle accueille.

Quelle est la place des parents au sein des crèches ?

M de S. L. : Nous travaillons vraiment en association avec les parents, qui, souvent, n’ont pas d’emploi. Ils restent donc un peu plus longtemps le matin ou le soir. L’attention et la qualité de l’accueil des équipes sont donc primordiales, afin de leur permettre de se sentir à l’aise. Il y a quelque temps, lors de l’inauguration d’une de nos crèches à Perpignan, une maman, qui ne savait pas qui j’étais, m’a dit : « Cette crèche n’est pas comme les autres, parce que lorsqu’on dit aux parents qu’ils ont une place, ici, ils l’ont réellement. Il y a des chaises réservées pour nous, dans les différents lieux de vie ». Au-delà du symbole, cela montre à quel point cet aspect concret de l’attention que l’on porte aux parents est important. Nous proposons également des temps d’activités communes enfants-parents, au cours desquels nous travaillons autour de la culture de chacun, des ateliers artistiques… Cela permet que se vivent, entre les parents et les enfants, des moments qui ne sont pas forcément possibles à la maison. Cet accompagnement nous semble essentiel et participe à créer des lieux chaleureux et sécurisants, aussi bien pour les parents que pour les enfants. D’ailleurs, de l’autre côté, les professionnels de nos crèches nous le disent : s’ils sont arrivés ici par hasard, ils n’y restent pas par hasard.

Propos recueillis par Delphine Soury

 

Le site d’Apprentis d’Auteuil

Photos : © Jean-Pierre POUTEAU/Apprentis d‘Auteuil 2013.

 

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