L’illustration a-t-elle toujours été une évidence ?

Sandrine Herrenschmidt : Ma mère est illustratrice. Lorsque j’étais enfant, je la voyais à la maison, dans son atelier, dessiner toute la journée. C’est elle qui, dans les années 1980, illustrait David et Marion, les héros de Pomme d’api. Cela me semblait donc normal de faire moi aussi de l’illustration pour enfants. À regarder ma mère, j’ai beaucoup appris, de façon naturelle. C’était la meilleure école !

Comment as-tu commencé ?

  1. H. : Après le bac, je suis rentrée à l’école des arts décoratifs de Paris, dans l’optique de faire du décor de théâtre. Je me suis spécialisée dans le graphisme mais, à l’époque, il n’était pas encore question d’informatique ! Parallèlement à mes études et pour gagner un peu d’argent, je faisais de l’illustration pour un éditeur de livres scolaires et également de la BD dans un mensuel destiné aux enfants. Enfin, comme je connaissais un professeur de l’hôpital Trousseau (grand hôpital pour enfants parisien), on m’a demandé de peindre des fresques pour décorer les chambres, les salles… J’étais encore jeune et ces petits boulots ont été très formateurs.

Raconte-nous tes débuts avec « Bébé ».

  1. H. : Quand Pascale Claude-Lafontaine, l’illustratrice qui a créé Bébé dans Picoti, est partie à la retraite en 1999, elle m’a recommandée. J’ai alors été choisie pour reprendre le personnage et écrire les textes. Pascale est une amie de ma mère, je connaissais son univers depuis toute petite et il me plaisait beaucoup. J’étais donc ravie ! Après une interruption d’une année et demie pendant laquelle une autre illustratrice a pris le relais, on m’a demandé de créer un nouveau personnage. Le bébé blond (Milo) que l’on connaît actuellement est donc né fin 2006. Puis il a été rejoint, en 2012, par une ribambelle de copines et de copains !

Comment travailles-tu pour « Le monde des bébés » ?

  1. H. : Chaque mois, je reçois le thème de la rubrique. Comme c’est un imagier, je pars en général des éléments que l’on va y retrouver. Je vais dans les magasins, je regarde sur Internet, histoire de représenter des objets à la mode et esthétiques. Ensuite, le personnage, fille ou garçon, va orienter mes choix. À ce stade, je dessine peu, mais je réfléchis beaucoup : comment va-t-il être habillé (je m’inspire des catalogues de vêtements) ? Quelles vont être ses attitudes ? Que va-t-il lui arriver ? Je fonctionne au visuel, je puise dans mes souvenirs avec mes propres enfants, j’observe les tout-petits autour de moi, je me documente… Une fois que j’ai déterminé trois ou quatre positions qui me semblent variées, je fais mes dessins, pas plus de quatre ou cinq, puis j’écris le texte et je vois ce qui fonctionne.

Ta force, ce sont les attitudes, toujours justes.

  1. H. : Cela me vient naturellement, sans doute parce que c’est un très grand plaisir de dessiner des bébés, de cet âge-là particulièrement. C’est tellement agréable de s’enthousiasmer avec eux lors de leurs premières fois. Et puis ils ont une gestuelle, un rapport aux objets qui n’appartient qu’à eux. On a tous vu un tout-petit sur le pot avec ses petits pieds de biais !

Parle-nous de l’association Sparadrap.

  1. H. : Sparadrap, c’est l’autre grande partie de ma vie professionnelle. Cette association, créée en1993, a pour objectif de guider les enfants et leur famille dans le monde de la santé, lorsqu’ils sont amenés à recevoir des soins en milieu hospitalier, faire une visite médicale, etc. Depuis le début, je travaille avec les équipes médicales, afin de leur faire verbaliser le processus d’accueil de l’enfant et toutes les étapes qui vont suivre, puis de tout retranscrire aux familles au mieux de ce que les enfants peuvent comprendre, suivant leur âge. Le but est de faire prendre conscience aux soignants que les enfants et leurs familles ont besoin de points de repère et faire en sorte que la communication entre eux se passe au mieux. L’association propose un site Internet et des documents d’information pour les enfants, que j’illustre dans un style très classique, à la ligne claire. L’idée ici est de décrire, de la manière la plus lisible et la plus neutre possible, les gestes et le matériel auxquels les enfants vont être confrontés. Ainsi, mes deux activités autour de l’enfance s’enrichissent et se rejoignent finalement, car il s’agit à chaque fois de décrire des réalités, avec plus ou moins de légèreté.

Propos recueillis par Delphine Soury

 

 

Le site de Sparadrap : www.sparadrap.org

 

 

Si utilisations des portraits de Sandrine Herrenschmidt, merci de les créditer : © Chloé Alméras.