Mettre en place des démarches et des gestes quotidiens de développement durable à l’école reste encore difficile. Mais pas impossible. Des initiatives émergent et peuvent être accompagnées par le programme Éco-école.
Selon une enquête de 2016 de l’INVS*, quatre enfants sur dix ne jouent jamais dehors pendant la semaine. Et on se souvient encore de cette enquête de l’ASEF** qui, en 2013, révélait qu’un écolier français sur trois ne sait pas identifier un poireau, une courgette, une figue ou un artichaut… Les experts observent que nous sommes de moins en moins en lien avec la faune et la flore, ce qui est bien dommage pour les écoliers, car cela favoriserait la concentration !
Tout n’est pas fichu !
Pourtant, quand on se rend sur le site du programme Éco-école, une bouffée d’oxygène permet de reprendre son souffle au milieu de ces chiffres inquiétants.
Ce programme d’éducation au développement durable, créé en France, accompagne les établissements scolaires de la maternelle au lycée dans leurs initiatives plus écolos. Tout en impliquant les élèves, même les plus petits. Lancé en 2005 par l’association Teragir et soutenu par le ministère de l’Éducation nationale, Éco-école a labellisé 748 écoles, collèges et lycées en 2019. Soit 748 projets, autour de thématiques comme les ressources énergétiques, l’alimentation, les déchets, la santé, etc.
À la rentrée 2019, le ministère de l’Éducation nationale a également lancé son appel à projets « L’École verte », pour « promouvoir les projets et initiatives pédagogiques ayant trait au changement climatique, à la transition écologique et au développement durable ».
Toute idée est la bienvenue !
« Les porteurs de projets sont le plus souvent des enseignants qui mènent déjà des actions ponctuelles sur le temps éducatif, et qui souhaitent donner plus de corps et d’ambition à leurs projets », explique Estelle Barrere, chargée de mission Éco-école.
Comme cette école maternelle du Lot où toutes les classes ont réalisé un diagnostic sur le thème des déchets, dans l’école et dans leur quartier, pour faire le point sur les poubelles présentes, s’il y avait beaucoup de déchets ou non, etc.
Ou encore ces enseignants de Lyon qui ont fait travailler leurs élèves sur le thème de la biodiversité, afin d’améliorer la connaissance et la protection de la biodiversité locale.
Tous les acteurs doivent retrousser les manches !
Tout le monde est alors bienvenu dans la mise en place des projets initiés à l’école : équipe éducative, direction d’école, parents d’élèves, mais aussi élus et acteurs locaux. L’idée est de montrer aux enfants que chaque citoyen a un rôle à jouer et des actions concrètes à mener sur le territoire.
Pour cela, le programme Éco-école propose une méthodologie à suivre et demande la mise en place d’actions concrètes afin de labéliser un projet.
Ainsi, dans le Lot, les écoliers ont demandé à la mairie d’installer des distributeurs de sacs à crottes de chien dans le quartier, des cendriers, un composteur dans l’école, et ont organisé un carnaval sur le thème des déchets. À Lyon, l’école a mené une semaine de plantation participative en avril avec les familles, mais aussi un travail avec les espaces verts de la ville et un rucher pédagogique.
Tous pour chacun !
« Pour nous, il est important que le projet soit porté par l’école, et pas seulement par la classe de l’enseignant qui, le plus souvent, donne du temps bénévole à la concrétisation du projet écolo », souligne Estelle Barrere, d’Éco-école.
Ainsi, le projet profite à tous, comme cette école primaire de Mayenne qui s’est lancée dans la réduction du gaspillage alimentaire à la cantine. Au menu : les élèves ont réalisé des pesées des aliments non consommés (pain, etc.) aux yeux de tous. Cette action s’est accompagnée de la réalisation d’affiches de sensibilisation par le service communication de la mairie.
Tous ensemble…
Car, à la veille des élections municipales de mars 2020, la transition écologique, notamment au sein de la microsociété qu’est l’école, est une demande forte de la part des citoyens. L’exemple de la restauration collective comme levier d’actions locales en matière d’écologie ne fait plus aucun doute. Le très récent rapport sur les cantines scolaires du groupe de réflexion Terra Nova propose d’ailleurs des pistes concrètes « pour une refonte profonde de notre modèle de restauration scolaire, [afin] que les collectivités s’engagent en faveur d’une autre alimentation pour les enfants. »
Isabelle Pouyllau
* Institut de veille sanitaire. ** Association santé environnement France
Pour aller plus loin :
« L’École verte » www.eduscol.fr
Le concours Les Enfants pour la biodiversité s’adresse aux classes de CM2 qui s’interrogent sur la protection de la nature, et propose de créer reportages et affiche de campagne pour défendre la biodiversité ! www.enfants-pour-la-biodiversite.com/
© Eco Ecole et Getty images.