Employés par les mairies, les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM) jouent un rôle indispensable auprès des enseignants. Pour en savoir plus sur ce métier en pleine évolution, Toupie a interviewé Nathalie Tesson, ATSEM dans une école maternelle de Vibraye (72) et administratrice du collectif « ATSEM de France » dans la région Pays de la Loire.
Quelles sont les missions de l’ATSEM ?
Nathalie Tesson : Tout au long de la journée, l’ATSEM assiste l’enseignant de maternelle, au sein de sa classe. Elle* l’aide pour l’accueil et l’hygiène des enfants (habillage, déshabillage, lavage des mains, accompagnement aux toilettes, coucher à l’heure de la sieste, distribution du goûter, etc.), et veille à la propreté des locaux et du matériel scolaire. De plus, l’ATSEM installe les ateliers pédagogiques prévus par l’enseignant et en anime certains. Elle peut aussi participer aux temps périscolaires (par exemple, en accompagnant les enfants à la cantine et, parfois, en assurant le service). Concrètement, les missions des ATSEM varient beaucoup en fonction de l’enseignant, du directeur de l’école et de la commune. Aujourd’hui, certaines ATSEM sont très impliquées dans le domaine éducatif et participent même aux conseils d’école, quand d’autres restent plus axées sur l’hygiène et le ménage.
* Sur les 55 000 ATSEM en France, 99,7% sont des femmes.
Comment l’ATSEM collabore-t-elle avec l’enseignant ?
N. T. : C’esttoujours l’enseignant qui conçoit les ateliers et qui en détermine les objectifs pédagogiques. Il les communique ensuite à l’ATSEM, oralement ou par écrit, pour qu’elle puisse mettre en place le matériel et éventuellement prendre en charge un groupe d’enfants. Concertation et dialogue sont nécessaires pour que le binôme fonctionne. Malheureusement, ces moments d’échange avec l’enseignant sont souvent trop rares et trop courts, car les équipes enchaînent les temps d’accueil à un rythme soutenu.
Comment le métier d’ATSEM a-t-il évolué, ces dernières années ?
N. T. : À l’origine, la mission des ATSEM était principalement de s’occuper de l’hygiène des enfants et de la propreté des locaux. Mais, depuis quelques années, elles se sont vu confier de nouvelles tâches, notamment parce que le temps de présence à l’école des enfants a augmenté. Les ATSEM ont alors dû assurer des missions de surveillance et de garderie, pendant le temps périscolaire. Cette évolution s’est poursuivie avec la réforme des rythmes scolaires de 2013 : les ATSEM ont été encore plus sollicitées pour encadrer des activités périscolaires (TAP, NAP, etc.), au détriment des tâches d’entretien, pourtant prévues dans leur statut. Cette évolution a été officialisée par un décret de mars 2018.
Quelle est la formation des ATSEM ?
N. T. : Jusqu’à récemment, les ATSEM suivaient la formation CAP Petite Enfance, sur un ou deux ans. En 2017, ce CAP a été rénové : il s’appelle désormais CAP AEPE (accompagnant éducatif petite enfance). Il s’est adapté à l’évolution des pratiques et permet aux futurs professionnels d’être plus polyvalents. Cette formation alterne cours théoriques (notamment sur les besoins physiologiques et affectifs de l’enfant et sur les méthodes pour animer des ateliers pédagogiques) et stages pratiques (en crèche, en école maternelle, etc.). Il prépare au concours d’ATSEM mais, une fois ce concours passé, il faut encore que l’ATSEM trouve un poste et soit nommée dans une école par la mairie. Ce n’est pas toujours facile, car il y a plus de places au concours que de postes disponibles en France.
Quelles sont les qualités nécessaires pour être ATSEM ?
N. T. : Je dirais qu’il faut être patient, plein d’empathie, dynamique… Il faut beaucoup d’énergie car, avec les jeunes enfants, les sollicitations sont nombreuses et il n’y a pas de temps de pause ! Cela demande aussi de savoir s’adapter aux besoins de la classe. Par exemple, l’ATSEM doit parfois accompagner un élève en situation de handicap, en attendant qu’une AVS soit nommée, en plus de ses missions habituelles. Un vrai défi !
Quelle est la relation de l’ATSEM avec les parents d’élèves ?
N. T. : Les contacts avec les parents sont réguliers, surtout s’ils conduisent et viennent chercher leur enfant pendant les temps périscolaires. Les ATSEM les accueillent et peuvent leur raconter comment s’est passée la journée. Toutefois, c’est bien l’enseignant qui reste le référent pour toutes les questions concernant le domaine éducatif. C’est lui, et non l’ATSEM, qui est en mesure d’échanger avec les parents sur les compétences de leur enfant et ses éventuelles difficultés scolaires. Le rôle de chacun doit être respecté !