Qu’il soit petit ou gros dormeur, un enfant a non seulement besoin d’une durée de sommeil régulière, mais également d’un sommeil de qualité. Car, pendant la nuit, votre petit bout grandit… Mais entre les journées d’école bien remplies et les week-ends parfois chargés, les enfants – et les parents – peuvent avoir du mal à tenir le rythme… Nicole Delvolvé, ergonome spécialiste de l’aménagement des conditions de travail dans les établissements scolaires, nous donne les clés pour comprendre et respecter ce moment si important du développement de l’enfant.
Quels sont les besoins de sommeil de l’enfant entre 3 et 6 ans ?
En moyenne, un enfant de cet âge devrait dormir au moins dix heures par nuit. À ce sommeil nocturne peut se rajouter une sieste, juste après le repas du midi. Il est important de préciser que chaque enfant a son propre rythme, et que l’héritage génétique peut jouer sur le sommeil. Certains seront de plus gros dormeurs, car leurs parents le sont, et inversement.
Le sommeil de l’enfant est-il différent de celui de l’adulte ?
Que ce soit chez l’adulte ou chez l’enfant, l’architecture d’une nuit de sommeil reste la même. La première partie de la nuit permet la récupération physique. C’est durant cette phase que l’enfant grandit, car son cerveau libère des hormones de croissance. Pendant la seconde partie de la nuit, c’est le sommeil paradoxal, celui du rêve : l’enfant stocke dans sa mémoire ce qu’il a appris pendant la journée. Cette dernière phase est quantitativement plus importante chez l’enfant que chez l’adulte, car il est davantage en situation d’apprentissage. Le cerveau s’adapte donc, et augmente la durée de cette phase : elle représente 30 % de sa nuit de sommeil, contre 5 % pour un adulte.
Quelles sont les conséquences du non-respect du sommeil de l’enfant ?
Le sommeil conditionne l’éveil, chez l’enfant comme chez l’adulte. Sa qualité a donc des répercussions sur nos journées. Un enfant qui se couche trop tard et se lève tôt aura récupéré physiquement, mais n’aura pas eu assez de sommeil paradoxal : son cerveau n’aura pas le temps de consolider sa mémoire, et de stocker toutes les informations reçues dans la journée. C’est pour cette raison qu’il ne doit pas veiller tard, même si il n’y a pas école le lendemain. Un enfant qui n’a pas assez dormi sera excité en classe, ou bien au contraire apathique : il faut dans un premier temps s’assurer qu’il s’endort rapidement le soir, après les rituels de mise au lit. Si ce n’est pas le cas, il est important de se demander ce qu’il vit pendant la journée, et ce qui le met dans un tel état d’énervement. Si, par contre, il s’endort bien le soir, ce comportement pourrait être le signe qu’il y a un problème. Il convient alors de consulter un médecin ou un pédiatre, afin d’envisager des solutions pour améliorer le sommeil de l’enfant.
Y a-t-il des attitudes à proscrire ?
Il faudrait mettre fin à certaines mauvaises habitudes, comme celle de réveiller l’enfant, ou pire, celle de ne pas lui faire faire la sieste sous prétexte qu’il s’endormira plus facilement le soir. Il ne faut jamais réveiller un enfant qui dort : s’il dort, c’est qu’il en a besoin ! Et cela ne l’empêchera pas de bien s’endormir le soir, au contraire. Il est important de comprendre que chaque enfant a ses propres besoins en termes de durée de sommeil, y compris pour la durée de la sieste, et qu’il n’existe pas de norme à respecter.
L’école peut-elle respecter les rythmes du sommeil ?
Certaines le font, mais c’est très difficile, car chaque enfant a son propre rythme, et le respecter au cas par cas requiert des moyens humains et matériels. Actuellement, beaucoup d’écoles ont par exemple instauré le système du double service à la cantine. Les plus petits mangent tôt puis se couchent vers midi et quart, moment où le cerveau de l’enfant est le plus propice à l’endormissement. C’est une bonne chose. Le problème est que certains enfants de moyenne ou grande section, mangeant au second service et donc plus tard, auraient eux aussi besoin de dormir !
Avez-vous noté une évolution des habitudes de sommeil chez les enfants ?
Non seulement chez les jeunes enfants, mais aussi chez les adolescents et les adultes : nous dormons de moins en moins. J’ai par exemple rencontré des parents qui laissent jouer leurs enfants sur des écrans avant de s’endormir. Ils excitent artificiellement le cerveau, et l’endormissement n’en est que plus difficile. Je conseille donc d’éviter les écrans après le dîner, et de créer un environnement propice au sommeil : câlin, lecture d’une histoire et petit rituel, voilà la formule pour permettre à l’enfant de passer une bonne nuit, à la fois réparatrice et constructive pour son développement.
Propos recueillis par Camille Masson.
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