Les auxiliaires de vie scolaire (AVS) sont précieux dans les écoles traditionnelles. Grâce à eux, les enfants en situation de handicap peuvent être scolarisés, s’intégrer et suivre la classe comme les autres. Pour en savoir plus sur ce métier pas toujours facile, Toupie a interviewé Marlène Carassus, AVS depuis 3 ans à l’école maternelle des Gachots, à Léguevin.
Quelle est la mission de l’AVS ?
Marlène Carassus : Sa mission est d’accompagner, au sein de l’école, des élèves en difficulté ou en situation de handicap (mobilité réduite, surdité, troubles autistiques, etc.), afin de compenser ce handicap. L’AVS leur accorde l’attention particulière dont ils ont besoin pour réussir et que l’enseignant ne peut pas toujours leur donner lorsqu’il gère l’ensemble de la classe. L’AVS n’assure pas de mission d’enseignement, mais il assiste l’enfant dans sa vie scolaire, au quotidien.
Comment fait-il, concrètement ?
M.C. : Tout dépend des besoins de l’enfant ! Parfois, l’AVS ne fait que l’aider à se déplacer dans la classe, à s’asseoir sur sa chaise, à mettre son manteau… Il peut aussi, si nécessaire, accompagner l’enfant quand il fait les exercices demandés par l’enseignant. Dans ce cas, il l’aide à se concentrer ou à manipuler le matériel. Si l’élève est malentendant, par exemple, l’AVS s’assure qu’il a bien compris la consigne et qu’il parvient à communiquer avec ses camarades. Dans tous les cas, l’AVS ne fait jamais à la place de l’enfant. Il lui évite certaines difficultés liées à son handicap afin qu’il puisse viser l’objectif premier de l’exercice. Ainsi, si la maîtresse demande de coller des bandelettes de la plus petite à la plus grande à un enfant qui a du mal à attraper, l’AVS le laisse faire le classement et prend en charge la partie collage, qui n’est pas prioritairement évaluée avec cet exercice.
La présence de l’AVS n’empêche-t-elle pas l’enfant de se faire des copains ?
M.C. : Non, parce que l’AVS sait se faire discret ! Son rôle est d’être présent, pour que l’enfant qu’il suit se sente soutenu, mais il veille à ne pas le surprotéger et ne forme pas un duo inséparable avec lui. Il reste dans la classe, sans être toujours assis à côté de l’enfant dont il s’occupe, et il n’intervient qu’en cas de besoin. Ainsi, l’enfant peut interagir librement avec ses pairs et se faire des copains. Parfois même, l’AVS peut faciliter la communication entre eux !
Quelle est la formation des AVS ?
M.C. : Il n’y a pas de diplôme spécifique exigé. Pour devenir AVS, il faut obtenir le baccalauréat, puis envoyer un dossier de candidature et passer un entretien auprès du rectorat. Bien sûr, le métier d’AVS nécessite de nombreuses qualités : patience, empathie, écoute, pédagogie, capacité d’adaptation, force morale et physique ! Il faut bien connaître les enfants et aussi, dans l’idéal, leurs handicaps. Ceci dit, le mot « handicap » englobe beaucoup de situations différentes et, parfois, on les découvre une fois qu’on est en poste. L’AVS peut alors bénéficier de formations. Mais ensuite, c’est à lui d’adapter la théorie : il n’existe pas de règle qu’il suffirait d’appliquer.
Quelle démarche faut-il faire pour qu’un enfant soit suivi par un AVS ?
M.C. : Les parents peuvent signaler eux-mêmes à la directrice de l’école que leur enfant doit être suivi par un AVS, mais il arrive aussi parfois que le besoin soit détecté par l’enseignant, au cours des premières années de maternelle. Dans tous les cas, la directrice réunit l’enseignant, les parents, le médecin ou le psychologue scolaire pour monter un dossier de demande d’AVS. Elle précise alors, dans ce dossier, combien d’heures de suivi sont nécessaires dans la semaine : pour certains enfants, 9 heures suffisent, alors que pour d’autres il faut 18 heures. Elle peut également faire une demande particulière afin que l’AVS accompagne aussi l’enfant au moment du repas à la cantine et pendant le temps périscolaire. Le dossier est ensuite envoyé à la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), qui acceptera la demande en commission, pour 3 ans.
Quels sont, pour vous, les moments les plus difficiles ?
M.C. : Le plus difficile pour moi, c’est de me sentir dépassée en cas de crise d’un enfant autiste. Ces moments de pression sont assez désarmants et souvent compliqués à gérer, d’autant plus qu’on ne sait pas toujours quel est l’élément déclencheur. Pour le calmer, ce ne sont pas toujours les mêmes solutions qui fonctionnent : il faut essayer, s’adapter, recommencer… Ce n’est pas simple !
Et quels sont les meilleurs moments ?
M.C. : Mon objectif au cours de l’année scolaire est que les enfants que j’accompagne soient heureux et s’épanouissent à l’école. Je suis très fière quand je les vois arriver en classe joyeusement, qu’ils viennent me faire un bisou et qu’ils me disent : « Je suis content que tu sois là », et quand je constate leurs progrès sur le long terme !