Comment le bébé perçoit-il l’animal familier ?
Cela dépend du stade de développement de l’enfant. Avant quelques mois, le bébé n’a pas conscience qu’il est un être à part entière. Il se perçoit comme faisant un tout avec son environnement et l’animal en fait partie. Ensuite, même s’il n’a pas d’animal familier, on observe que, de manière générale, l’animal est une source de stimulation multisensorielle : visuelle, sonore, tactile – si on laisse l’enfant toucher l’animal –, olfactive… et même gustative ! Car le tout-petit explore beaucoup son environnement au moyen de sa bouche. Il peut donc éventuellement tenter de « goûter » un peu l’animal !
Et l’animal, comment perçoit-il le bébé ?
Globalement, l’animal familier considère l’humain comme un congénère, ce qu’il analyse par rapport aux caractéristiques de son espèce. Le bébé fait donc partie de sa famille : il est un chien, un chat (presque !) comme lui. Mais chaque espèce a un registre de comportements qui lui sont spécifiques. L’animal appréhende son environnement selon son « monde propre ». Par exemple, le chien est un animal plutôt social, car, dans la nature, il vivrait en meute. Son « monde propre » tend à ressembler à celui de l’humain. Lui aussi peut avoir envie de « goûter » l’enfant, par le léchage : au-delà de la fonction de toilettage, c’est l’occasion de recueillir des phéromones, qui sont comme une carte d’identité. Le chat, lui, est un animal plus solitaire.
Comment interagissent-ils ?
Lorsque l’enfant est tout petit et ne parle pas encore, la communication non verbale, notamment le regard, a une grande importance. En effet, l’animal a une attention visuelle soutenue, ce qui captive le bébé. Ce dernier comprend alors que ce qui se trouve en face de lui n’est pas un simple objet, mais un être vivant. Au fur et à mesure que l’enfant gagne en autonomie, en motricité, les interactions vont bien sûr évoluer. De son côté, l’animal familier développe des comportements pour faire réagir « son humain ». Par exemple, dans la nature, le chat miaule très peu. Pourtant, au sein de la maison, certains félins peuvent se révéler « bavards » ! Chacun s’ajuste au comportement de l’autre.
Quelle influence l’animal familier a-t-il sur le développement de l’enfant ?
L’animal a la faculté de fixer l’attention du tout-petit, sachant que, lorsqu’il est bébé, elle est très limitée. Petit à petit, les capacités de concentration et d’attention se développent, ce qui est fondamental pour tout le système cognitif de l’enfant. Il peut ainsi agir davantage en interaction avec l’animal, ce qui stimule ses capacités grandissantes. C’est un cercle très vertueux ! Et le fait que l’animal soit plus autonome (en tout cas quand l’enfant est tout petit) va pousser le bébé à mettre en place tout un tas de stratégies pour progresser afin de pouvoir jouer avec son copain. Il y a quelque chose dans la relation qui pourrait presque s’apparenter au lien avec une sœur ou un frère aîné qui tire le benjamin vers le haut. Le contact avec l’animal est donc très stimulant, tant sur le plan psychomoteur que d’un point de vue social ou émotionnel. Prendre soin de l’autre, être attentif à ses réactions ou ses émotions… : ce sont des acquisitions dont l’enfant se servira dans le cadre de ses autres relations.
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Premier rendez-vous
Vérifier que les vaccins de l’animal sont à jour
– En amont de la rencontre, faire sentir l’odeur de l’enfant à l’animal
– Prendre son temps
– Prévoir un espace de repli pour chacun
– Ne pas forcer les interactions, même si elles sont positives
– Ne jamais laisser l’enfant seul avec l’animal
-> Plus le « monde propre » (besoins, bien-être…) de l’animal est respecté, plus ses comportements seront accordés à celui de bébé.
6e sens ?
Les émotions sont universelles, y compris chez les animaux ! Ils sont ainsi capables d’identifier la tristesse, la peur, la joie, la colère, la surprise ou le dégoût qui émane de nous. Et même mieux que nous : en effet, un humain stressé génère un taux de cortisol (hormone) élevé, ce qu’un animal est capable de percevoir, même si la personne ne l’exprime pas.
Figure d’attachement
Développée par John Bowlby, la théorie de l’attachement pose qu’un enfant a besoin de développer un lien avec au moins une personne qui prend soin de lui de manière cohérente et continue pour bien grandir, construire une image positive de lui-même et des autres. Claire Lerner explique que l’animal familier peut jouer le rôle de figure sécurisante pour l’enfant, l’invitant « à la découverte, à la relation, au partage et favoris[ant] des interactions accordées ».
(Revue Spirale, no77. Les tout-petits et les animaux, coordonné par Sandie Belair, Érès, 2016.)
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Dossier réalisé par Delphine Soury.