Tout juste rentrées du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, nous finalisons notre dossier de ce mois-ci. Nous avons encore en tête toutes ces images, tous ces formats, ces livres-objets qui envahissent le salon. Quelle richesse que l’illustration jeunesse ! Du livre tout-carton carré au grand dépliant, du livre à toucher au livre sonore, les livres d’éveil revêtent des centaines de formes. Mais ils ont tous un point commun : faire la part belle aux images. Notre dossier met en lumière ce merveilleux métier : illustrer pour les bébés. Merci à Laurence, Marc, Sandrine, André, Elsa, Matthieu, Clothilde, qui ont mis en images ce numéro de Picoti avec un grand talent !

3 questions à …

Sandrine Herrenschmidt, illustratrice et autrice du « Monde des bébés » dans Picoti.

L’illustration a toujours été une évidence ?

Ma mère est illustratrice. Lorsque j’étais enfant, je la voyais à la maison, dans son atelier, dessiner toute la journée. C’est elle qui, dans les années 80, illustrait David et Marion, les héros de Pomme d’Api. Cela ne me semblait donc pas incongru de faire moi aussi de l’illustration pour enfants. À regarder ma mère, j’ai beaucoup appris, de façon naturelle. C’était la meilleure école !

Comment travailles-tu pour « Le Monde des bébés » ?

Comme c’est un imagier, je pars des éléments que l’on va y retrouver. Je m’attelle à représenter des objets à la mode et esthétiques. Ensuite, le personnage, fille ou garçon, va orienter mes choix. À ce stade, je dessine peu, mais je réfléchis beaucoup : comment va-t-il être habillé ? (je m’inspire des catalogues de vêtements), quelles vont être ses attitudes ?, que va-t-il lui arriver ? Pour cela, je fonctionne au visuel. Je puise dans mes souvenirs avec mes propres enfants, j’observe les tout-petits autour de moi, je me documente… Une fois que j’ai déterminé trois ou quatre positions variées, je fais mes dessins, puis j’écris le texte.

Ta force, ce sont les attitudes, toujours très justes.

Cela vient naturellement, sans doute parce que c’est un très grand plaisir de dessiner des bébés, de cet âge-là particulièrement. C’est tellement agréable de s’enthousiasmer avec eux lors de leurs premières fois. Et puis ils ont une gestuelle, un rapport aux objets qui n’appartient qu’à eux. On a tous vu un tout-petit sur le pot avec ses petits pieds de biais !

L’ÉVEIL DU REGARD

L’illustration de livres pour les bébés revêt des styles différents, parfois surprenants. Hyper-réalistes, abstraits, multicolores, en bichromie… L’album jeunesse, c’est aussi une première initiation à l’art !

ABSTRAIT

Raconter une histoire, avec des points de couleur pour développer l’imaginaire.

Un livre, Hervé Tullet, Bayard jeunesse.

RÉALISTE

Représenter la réalité pour permettre à l’enfant de s’identifier.

Jeux pour animaux, Camille Jourdy, Actes Sud BD.

NOIR & BLANC

N’utiliser que le blanc et le noir pour stimuler le regard du bébé, sensible aux contrastes forts.

Une souris verte, Thierry Dedieu, Seuil jeunesse.

« Mon travail sur l’image, c’est de favoriser le pointage. »

Jeanne Ashbé, autrice et illustratrice (Grand, le podcast de L’École des loisirs).

Avant de savoir parler, je montre du doigt ce sur quoi porte mon attention.

PRÉCURSEUR

Macao : © éditions Circonflexe.

Édité en 1919, Macao et Cosmage ou l’Expérience du bonheur est l’un des premiers albums pour enfants qui fit la part belle aux illustrations, reléguant le texte au second plan. Une petite révolution !

3718

C’est le nombre de livres d’éveil (0-3 ans) qui ont été édités en France en 2020. (Source : Livre Hebdo/EDS)


Dossier réalisé par Delphine Soury

Photos livres (sauf Macao) : © Vincent Gire/Milan presse.
Macao : © Éditions Circonflexe.