En observant les comportements d’un chien, je me suis posée la question de savoir depuis combien de temps cette espèce vivait auprès de nous. Car les chiens (du moins ceux que je côtois) sont toujours aux aguets. Ils guettent notre conduite, envisagent une balade, écoutent et obéissent, nous font sentir qu’ils ont besoin de notre présence. Certes, le chien à l’état sauvage vit en meute. Comme son cousin le loup, il est naturellement sociable et dépend du groupe. Groupe qu’il reconstitue avec sa famille humaine. Mais je ne peux m’empêcher de penser que si ses liens avec nous sont si forts, c’est aussi parce qu’ils remontent à loin.
Une étude finlandaise de 2013 cherchant à déterminer l’origine du chien domestique, publiée dans la revue Science*, a analysé les séquences ADN de loups fossiles retrouvés sur des sites du Paléolithique et les a comparé avec les séquences ADN de chiens domestiques et de loups actuels.
Ils ont ainsi actualisé l’arbre généalogique des chiens. Ces derniers seraient tous liés à une population ancienne de loups européens, aujourd’hui disparue. La différenciation entre chiens et loups se serait faite il y a environ 32 100 ans.
Cependant, on trouve des traces de domestication (museau plus court, mâchoires plus larges et dentition plus serrée) sur des fossiles datant d’il y a 33 000 ans environ (Belgique, Sibérie) jusqu’à -18 000 ans pour ce qui est du centre et de l’ouest de l’Europe. En Asie, les traces les plus récentes de domestication se situent vers -15 000 ans.
Cette histoire, qui reste encore à compléter, explique mieux pourquoi le chien semble si naturellement à l’écoute de l’homme. Sans doute les premiers chiens domestiques, des presque-loups, aidaient-ils les chasseurs du Paléolithique d’une manière ou d’une autre. Les chercheurs pensent même que c’est le loup qui, le premier, fut apprivoisé par l’homme !
Texte : Clara Recordier. Photo : iStock.
* L’article de la revue Science : http://www.sciencemag.org/content/342/6160/871