3 questions à…

Gérard Neyrand, sociologue, spécialisé dans l’étude des relations privées

Y a-t-il aujourd’hui une évolution du rôle de la mère ?

Oui, notamment depuis que les mères ont intégré la sphère professionnelle. Mais elles restent investies auprès des enfants, en témoignent les temps partiels, majoritairement féminins. Si 1/3 d’entre eux sont involontaires et souvent liés aux écarts de salaire et de carrière avec les hommes, 2/3 sont désirés. La maternité reste donc un espace de réalisation personnelle pour certaines femmes.

Les inégalités de genre face à la parentalité persistent-elles ?

Il y a une tendance à plus d’équité, en même temps qu’une logique sociale qui s’y oppose. Jusqu’à la fin des années 1960, les fonctions biologiques déterminent la place de la mère : c’est parce qu’elle met au monde son enfant qu’elle doit s’en occuper. Dès 1970, on aspire à une égalisation des sexes, mais ce modèle se superpose au précédent, duquel nous avons encore du mal à nous défaire totalement. En partie parce que nous avons, malgré nous, intériorisé des différences de genre contradictoires à cet idéal paritaire…

La société est-elle culpabilisante envers les mères ?

On donne, aujourd’hui plus que jamais, une importance aux parents dans l’éducation des enfants : le discours tenu est surculpabilisant, particulièrement dans les médias, qui véhiculent souvent l’image du parent parfait. Les burn out, notamment maternels, se multiplient, et les réseaux sociaux ou la tendance de la « parentalité positive » contribuent à cette augmentation : l’éducation est par définition positive, alors pourquoi insister sur cet adjectif, si ce n’est dans une perspective d’hyperresponsabilisation ?

© denis_vermenko /Adobe Stock.

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Trop, c’est trop…

Parce qu’elles assument souvent l’essentiel des tâches domestiques et parentales, les mères ayant un emploi auraient 23 % plus de risques que les pères de souffrir d’un épuisement professionnel.

(Selon une étude portée par le cabinet de conseil en culture du travail Great Place to Work et la start-up Maven.)

28,5 ans

C’est l’âge moyen des mères à la naissance de leur premier enfant, soit environ 4 ans plus tard que dans les années 1970. L’allongement de la durée des études, la présence croissante des femmes dans la vie active, la contraception et la priorité accordée à la vie conjugale et à l’épanouissement personnel expliqueraient ce recul de l’âge de la maternité.

(Selon la Statista Research Department.)

Vers l’égalité ? Zoom sur les dates clés !
  • 2002 : introduction de la notion de garde alternée en cas de divorce.
  • 2006 : loi relative à l’égalité salariale et favorisant la conciliation de la vie professionnelle et familiale.
  • 2014 : le congé parental est réformé, afin d’accroître le niveau d’emploi des femmes et favoriser le partage des responsabilités parentales.
  • 2021 : augmentation du congé paternité, permettant un rééquilibrage des tâches domestiques et parentales.
  • 2022 : prise en charge du versement de la pension alimentaire par la CAF.

Dossier réalisé par Marie Greco.