Qu’est-ce que la phase d’opposition, aussi appelée « terrible two » ?
C’est une période qui intervient autour de 18 mois, durant laquelle l’enfant commence à dire non, voire à refuser tout en bloc. Pour autant, je ne suis pas d’accord avec ces appellations qui font froid dans le dos et inquiètent les parents outre mesure. Le tout-petit ne cherche pas à s’opposer à qui que ce soit durant cette phase, mais il s’affirme, s’exprime et s’autonomise. En bref, c’est le signe qu’il grandit et se développe normalement… Il n’y a donc rien de « terrible » ou de négatif là-dedans, bien au contraire !
L’enfant ne cherche pas à impulser un rapport de force ?
Absolument pas ! Nous avons une fâcheuse tendance à projeter notre propre mode de fonctionnement sur les enfants… Or, il faut garder en tête que le cerveau d’un tout-petit de 2 ans est profondément immature et très différent de celui d’un adulte. Derrière le « non » d’un enfant, il n’y a pas de provocation ni une quelconque volonté de prise de pouvoir. En réalité, ce sont plutôt les parents qui supportent mal cette nouvelle période et impulsent un rapport de force… Par ego, ils refusent de se laisser « dominer » par leur chérubin et cherchent alors à avoir le dernier mot. Mais ce n’est pas forcément la meilleure solution.
Alors, comment traverser au mieux cette période ?
La communication est la clé. On sait, par exemple, que donner un choix fermé à l’enfant et le rendre acteur d’une requête favorise sa coopération. Ainsi, lui demander s’il veut manger dans l’assiette rouge ou l’assiette bleue sera bien plus efficace que de simplement le solliciter pour venir manger. Il est aussi important de ne pas utiliser la négation, qui nécessite une gymnastique cognitive complexe. Il vaut mieux privilégier l’affirmation, en ne demandant qu’une chose à la fois, et en laissant à l’enfant le temps de traiter l’information. Avant 5 secondes, rien ne sert de réitérer sa requête ou de perdre patience… D’ailleurs, crier, s’énerver ou ordonner, est, de manière générale, totalement contre-productif. En revanche, les formules de politesse changent la donne ! Même si l’enfant est encore trop petit pour comprendre les « s’il te plaît » ou les « merci », il sent l’intention derrière votre discours et répondra plus favorablement à vos demandes.
Mais il est parfois difficile de garder son calme…
Bien sûr, nous sommes parents, pas surhumains ! Il est normal de s’emporter de temps en temps, et parfois on ne peut pas faire autrement que d’impulser un rapport de force. Mais il est important d’éviter au maximum ces situations. Et si, malgré tout, l’adulte s’emporte, il ne faut pas laisser l’enfant dans l’incompréhension : l’idéal est de le prendre dans ses bras, de le rassurer et de s’expliquer pour recréer tout de suite du lien avec lui.
Et ailleurs ?
Pour Héloïse Junier, cette phase d’opposition est avant tout culturelle : on ne la retrouve pas dans les pays scandinaves, par exemple… du moins, elle n’a pas d’appellation et n’est donc pas tant redoutée par les parents ! Peut-être aurions-nous tout intérêt à prendre exemple sur nos voisins d’Europe du Nord ?
« Au bain dans 5 minutes ! »
Votre enfant vous dit oui sur le moment, puis refuse finalement d’aller se laver 5 minutes après ? C’est parce qu’à 2-3 ans, il n’a pas encore la notion du temps ! Alors, pour éviter le clash, pourquoi ne pas utiliser un timer visuel, qui permettra à votre tout-petit d’anticiper le moment d’aller au bain ?
Le ratio 5 pour 1
Dossier réalisé par Marie Greco.