Quels sont les impacts des écrans sur les bébés ?

Le problème majeur des écrans pour l’enfant de moins de 3 ans est qu’ils lui enlèvent du temps d’apprentissage. À cet âge, bébé est en pleine construction de ses capacités mentales, psychomotrices et relationnelles. Pour se développer, il doit exercer sa mémoire, sa motricité, son empathie, la reconnaissance des émotions et des mimiques. Il doit avoir la possibilité d’interagir avec des adultes et de passer des moments seul pour apprendre à se concentrer. Or, entre la naissance et 3 ans, les périodes d’éveil qui doivent être utilisées à ces fins sont très courtes ! Si les écrans remplacent les instants d’apprentissage, bébé ne peut pas développer ces capacités.

Peut-on parler de « toxicité » de l’écran ?

La lumière bleue des écrans provoque des perturbations du sommeil. De plus, avant 5 ans, pour chaque heure d’écran par jour, on observe une baisse de QI de l’ordre de 0,5 à 0,7 point. Mais dans ce cas, il s’agit moins d’une toxicité réelle de l’écran que du fait qu’il remplace les moments où bébé doit apprendre par la relation à l’autre. Si l’on n’a pas d’autre choix que de laisser son bébé devant un écran quelques minutes, alors il faut absolument rattraper ce temps d’écran en compensant avec un moment pendant lequel on est pleinement disponible pour lui. 


Comment gérer les écrans au sein du foyer ?

Quand un enfant joue, il est important que la télévision ne soit pas allumée, car cela le dérange dans ses activités. Même s’il ne la regarde pas, ses capacités de concentration et d’attention risquent d’être entravées. Ensuite, la règle clé est de bien séparer les espaces et les écrans, notamment lorsqu’il y a des frères et sœurs plus grands. On sait que chaque famille possède sept ou huit outils numériques : à partir de là, il doit être envisageable de créer un espace à l’écart pour l’enfant plus âgé qui regarde la télévision, par exemple. Dans la même logique, on évite les écrans allumés pendant les repas, afin de préserver au maximum les moments d’interactions familiales.

Y a-t-il des programmes adaptés aux moins de 3 ans ?

Il n’y a pas de bon programme ou de bon écran avant 3 ans. Un écran n’est pas une personne et ne va pas apporter les interactions nécessaires au développement de bébé. Cela n’empêche pas de jouer de temps en temps ensemble en utilisant une appli amusante pour les tout-petits, mais seulement quelques minutes et avec lui, l’important étant d’établir un lien avec son bébé. 

Le problème, ce n’est donc pas l’écran en lui-même ?

En effet, on parle de «  technoférence  », c’est-à-dire de l’interférence d’une technologie dans la relation. Si l’adulte partage son attention entre un écran et son enfant, ses phrases seront plus courtes, ses mimiques plus pauvres, l’apprentissage transmis à bébé sera donc incomplet. Au point qu’interagir avec son bébé tout en regardant son smartphone est aussi problématique pour lui que de le laisser seul devant la télévision. Bébé a besoin de votre regard, ne laissez pas l’écran se mettre entre vous. Les enfants qui se développent le mieux sont ceux qui ont appris sans écrans dans leur environnement. Le sujet de fond, ce n’est pas l’écran, mais son utilisation au sein de de la famille. 

Bébé tenant une télécommande devant une télévision
© Czanner/Adobe Stock.

56 minutes

C’est le temps quotidien moyen passé devant un écran par les enfants de 2 ans, en France.

(Selon l’étude Elfe, Étude longitudinale française depuis l’enfance.)

Mon mémo écrans à la maison
  • Éviter au maximum les écrans allumés dans la même pièce que bébé.
  • Éviter les écrans lors des repas. 
  • Délimiter un «  espace écrans  » pour les plus âgés.
  • Ne pas installer de télé dans la chambre.
  • Proposer un livre plutôt qu’un écran.
  • Opter plutôt pour un câlin, une histoire, de la musique,un doudou, afin de calmer bébé.

Dans son ouvrage 3-6-9-12+ Apprivoiser les écrans et grandir, Serge Tisseron enrichit la règle des « 3-6-9-12  » pour sensibiliser aux dangers des écrans et en adapter les usages selon l’âge de l’enfant.  

Couverture livre Serge Tisseron, "Apprivoiser les écrans et grandir", éditions Érès.

Dossier réalisé par Aurélie Renne.