Qu’est-ce qui attire bébé vers un autre bébé ?
Le tout-petit peut avoir des préférences pour des comportements et se sent plus ou moins « confortable » à proximité d’un enfant ayant un certain type de tempérament, similaire au sien… ou très différent. Il aura tendance à se rapprocher d’un tel ou d’une telle, parce qu’il aime l’observer et que ses réactions l’intéressent. Mais cela peut aussi être une attirance pour l’objet qui se trouve entre lui et l’autre. Deux bébés jouent ensemble parce qu’ils ont un intérêt commun : le jouet convoité ! Cet objet sert l’interaction sociale, même si, chez les plus petits, on est souvent dans du jeu en « côte à côte ».
Comment cela se traduit-il concrètement ?
L’enfant a envie de partager par le jeu et l’interaction. Mais ses compétences langagières ne sont pas encore toujours très élaborées. Le fait d’aller chercher l’autre ne va donc pas forcément se faire par la parole, mais grâce à un jouet, qui va être donné ou pris (plus ou moins délicatement !), en attrapant l’autre par la main, en mordant… ou en tapant pour se faire comprendre !
Peut-on déjà parler d’amitié chez les bébés ?
Pour créer des amitiés, l’enfant doit être capable d’engager son attention envers l’autre, de pouvoir interpréter ce qu’il pense et de pouvoir gérer ses propres émotions en réponse à l’autre. De plus, l’amitié s’inscrit dans la durée : cela implique d’avoir des capacités de mémoire bien développées. Or, avant l’âge de 2 ans, on en est encore aux balbutiements. Enfin, il y a aussi la question de la réciprocité : l’amitié ne se construit pas sur une réciprocité immédiate (« je te donne une voiture, donc toi aussi tu me donnes une voiture, tout de suite »), mais sur une réciprocité différée (« si je partage quelque chose avec toi aujourd’hui, je peux compter sur toi pour me rendre la pareille un jour »). Cette capacité se développe de façon robuste au-delà de 5-7 ans. Donc, même si certains enfants, à la crèche ou chez la nounou, créent des liens qui perdurent ensuite, on observe des amitiés fortes généralement à partir du CP.
Faut-il encourager les relations sociales chez les tout-petits ?
En tant que parents, on est souvent tentés d‘intervenir dans la façon dont notre tout-petit agit avec les autres. Quand notre enfant ne veut pas prêter ses jouets, on peut avoir tendance à lui dire : « Oh si, partage ! » Je trouve que c’est important d’avoir une posture vigilante (regarder, soutenir son enfant), mais de ne pas tout faire à sa place. L’idéal étant surtout de ne pas le mettre trop souvent dans des positions d’inconfort et prendre conscience que son développement social passe aussi, parfois, par le refus de partager !
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Salut, les copains !
- 0-12 mois : Bébé apprend d’abord à percevoir les émotions des autres et, petit à petit, à les comprendre pour pouvoir ensuite y réagir.
- 14-20 mois : Bébé acquiert la capacité d’entraide ou de partage, si les indices venant des autres et appelant ces réactions
- 36 mois et plus : L’enfant qui prend part à des scènes sociales plus complexes a désormais la capacité de démêler les actions, les émotions des autres, pour les relier à la situation qu’il vit.
Quantité = qualité ?
La collectivité permet au tout-petit de se confronter à une diversité de réactions, parfois plus spontanées, de la part des autres enfants. Les réactions des adultes seront plus proches les unes des autres et plus « policées ». Pour autant, un enfant gardé chez lui, qui voit des voisins, des membres de la famille, ou va au parc… prend tout autant part à des interactions de qualité.
Les interactions sociales, c’est bon pour :
- Le développement du langage
- La stimulation de la mémoire
- La régulation du comportement et des émotions
- Le développement de l’identité prosociale (agir pour le bénéfice d’autrui : partager, aider, réconforter…)
- L’intégration des normes morales et sociales
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Dossier réalisé par Delphine Soury.