Wakou parraine Lena et ses 3 petits lynx, nés au printemps 2017 au Parc zoologique de Paris. Toute une équipe se relaie autour des animaux du parc pour leur assurer soins et bien-être. À cette occasion, nous avons rencontré Justine, soigneuse, afin de mieux connaître son métier.
Justine, vous êtes la soigneuse des girafes et des autres animaux de la plaine africaine. Pouvez-vous nous expliquer la différence entre le métier de soigneur et celui de vétérinaire ?
Le vétérinaire pratique l’ensemble des actes médicaux : opérations, soins lourds, suivi des prises de médicaments, etc. De façon générale, il s’occupe de la santé des animaux.
Le soigneur s’occupe du bien-être de l’animal. Il nettoie chaque jour les loges, il prépare les rations alimentaires et nourrit les bêtes. Il pratique aussi l’entraînement médical avec son ou ses animaux, afin que ceux-ci soient calmes et rassurés lors des futurs soins du vétérinaire.
Qu’est-ce que l’entraînement médical ?
L’entraînement médical se pratique sous forme de jeu. Chaque jour, on entraîne les animaux à accepter d’être touchés par leur soigneur. J’ai commencé l’entraînement médical avec Gumy, une girafe qui avait alors 6 ans. À 6 ans, des habitudes sont déjà prises, c’est moins facile qu’avec un girafon. Mais à force de patience, on arrive à de bons résultats. Aujourd’hui, Gumy accepte qu’on lui fasse les vaccins sans anesthésie. Pareil pour les prises de sang, même si elle nous montre qu’elle a mal. Mais c’est important, pour la santé des animaux, de limiter les médicaments anesthésiques et aussi de faire passer des choses peu agréables de façon normale. Après chaque entraînement, je donne à Gumy ce qu’elle préfère : des barbotines ! Ce sont des boulettes d’avoine et d’orge, gonflées dans de l’eau chaude.
Justine donne de la barbotine à Gumy pour la récompenser.
Comment se passe votre journée-type au parc ?
On commence le matin à 8 h par l’inspection des animaux. On vérifie que tout s’est bien passé durant la nuit, qu’aucun animal ne s’est blessé ou s’il y a eu des naissances. Puis on fait sortir les animaux pour l’ouverture du parc au public, à 9 h. On nettoie les loges, on prépare les rations de nourriture, on les nourrit, on fait les entraînements médicaux.
Les équipes travaillent en roulement : de 8 h à 16 h 30 pour certains et de 10 h à 18 h 30 pour les autres.
À 18 h 30, tous les animaux du parc rentrent dans leurs loges, à l’abri, pour la nuit.
En été, nos horaires peuvent être modulés en fonction des évènements ou des nocturnes. Et si la température est très bonne, on peut laisser les singes ou les addax dormir à la belle étoile.
Est-ce que vous vous occupez tous les jours des mêmes animaux ?
Quand j’ai commencé, je m’occupais de toutes les espèces : les reptiles, les manchots, etc. Il faut commencer par toucher à tout, pour trouver sa vocation pour une espèce ou une autre, au fil du temps. Moi, j’ai toujours eu la passion des girafes, depuis toute petite. Ma chambre était décorée par des photos de girafes, des peluches girafes, alors j’ai demandé à travailler avec elles. Mais la vocation peut venir au fur et à mesure.
Je m’occupe donc de nos 15 girafes, mais aussi des autres animaux de la plaine africaine : les grands koudous, les autruches africaines, le marabout, etc.
Après, il y a les autres animaux d’Afrique : lions, zèbres, rhinocéros blancs, etc.
Entre soigneurs, on se remplace pour les congés, les absences. Être capable de s’occuper d’autres espèces, c’est enrichissant et ça casse le rythme, ça permet de prévenir les erreurs dues à la routine. C’est agréable de travailler avec d’autres animaux de temps en temps.
Même quand on les aime beaucoup, les girafes restent très grandes et très fortes. Par sécurité, Justine ne sort pas sans une perche.
Propos recueillis par : Clara Recordier. Photos : Vincent Gire.