Pokémon, Naruto, Demon Slayer… Les mangas ont conquis les bibliothèques, les rayons des librairies et, surtout, les chambres de nos enfants et adolescents. En quelques années, ils sont devenus l’une des passions les plus partagées des jeunes générations. Mais quand on est parent, une question revient souvent : ces lectures sont-elles adaptées à l’âge de mon enfant ? Entre les manga shōnen, les manga shōjo, ou encore manga seinen, il n’est pas toujours simple de s’y retrouver dans toutes ces appellations venues du Japon. Voici un petit guide pour mieux comprendre les grandes catégories et accompagner plus sereinement les choix de lecture à la maison.

Couverture du premier numéro de Yam Yam

Mangas shōnen vs shōjo : quelles différences ?

Au Japon, les mangas sont traditionnellement classés selon le public auquel ils s’adressent : enfants, adolescents, adultes, filles, garçons… Cette logique éditoriale, héritée de la presse jeunesse japonaise, a été en partie reprise par les éditeurs français, même si ces frontières sont aujourd’hui beaucoup plus souples.

Deux grandes catégories dominent la scène éditoriale jeunesse : les shōnen, souvent traduits par « mangas pour garçons », et les shōjo, « mangas pour filles ».


 → Les mangas shōnen ont été pensés pour des garçons de 10 à 16 ans, mais ils séduisent désormais un public très large, filles comprises. Ces récits sont rythmés, pleins d’action, d’amitié, de courage, de défis à relever. On y trouve souvent des combats, des rivalités épiques, et un héros en quête de dépassement de soi. Quelques titres incontournables : Naruto, One Piece, Dragon Ball, My Hero Academia


 → Les mangas shōjo, eux, s’adressaient au départ aux filles du même âge, avec des récits plus centrés sur les émotions, les histoires de cœur, les relations familiales ou les tranches de vie. Le ton y est souvent plus doux, plus introspectif, avec un dessin fin et expressif. Parmi les grands classiques : Sailor Moon, Fruits Basket, Card Captor Sakura.

Mais ces catégories ne sont plus des barrières : aujourd’hui, filles et garçons lisent ce qui leur plaît, indépendamment des étiquettes éditoriales.

À chaque âge ses mangas : une sélection adaptée aux jeunes lecteurs

Pour bien accompagner son enfant dans la découverte du manga, il est utile de raisonner par tranches d’âge. Voici quelques repères pour y voir plus clair.

La boutique d’artefacts, Tome 1. à découvrir dans le premier numéro de YamYam

Dès 8-10 ans : premières lectures en douceur

C’est l’âge où les enfants peuvent commencer à lire des mangas simples, avec peu de texte et beaucoup d’humour ou de tendresse.
Quelques titres conseillés :

  • Chi, une vie de chat, adorable chronique du quotidien vue à travers les yeux d’un chaton
  • Doraemon, petit robot venu du futur pour aider un écolier maladroit
  • Pokémon, valeur sûre qui mêle aventure et camaraderie
  • Yotsuba & !, une série pleine de fraîcheur, avec une petite héroïne qui découvre le monde avec candeur

9-11 ans : découverte des grands classiques jeunesse

À cet âge, les enfants s’ouvrent à des récits plus longs, structurés autour d’une vraie intrigue.

  • Shōnen : One Piece, Détective Conan (enquête, humour, action)
  • Shōjo : Sailor Moon, Card Captor Sakura — deux héroïnes emblématiques aux pouvoirs magiques, mêlant action et émotion

12-14 ans : l’âge d’or du shōnen… et des shōjo
C’est souvent à cet âge que l’enfant développe une passion plus marquée pour les mangas. Il ou elle s’implique dans les personnages, suit les séries sur plusieurs tomes…

  • Shōnen : Naruto, Haikyu!!, Demon Slayer (à lire avec vigilance, certaines scènes sont sombres ou violentes selon la sensibilité de l’enfant)
  • Shōjo : Fruits Basket, Orange, Lovely Complex, qui abordent l’adolescence, les relations et l’amitié avec finesse

15-17 ans : lectures plus riches et complexes avec les seinen

Les goûts évoluent : certains jeunes recherchent des histoires plus psychologiques, plus denses ou plus réalistes.Les mangas seinen s’adressent à un public averti, avec des intrigues complexes, des thématiques matures, parfois violentes voire même érotiques (Akira, Berserk, Monster, Death Note…).

  • Shōnen/Seinen “soft” : Death Note, Blue Period
  • Shōjo : Nana, Ao Haru Ride

18 ans et plus : lectures pour grands ados et jeunes adultes

À partir de cet âge, les jeunes peuvent explorer des mangas aux thématiques plus sombres ou adultes. Attention toutefois : certains titres abordent des sujets sensibles ou contiennent des scènes violentes.

  • Berserk, Monster, Tokyo Ghoul, March comes in like a lion, Nodame Cantabile

Mangas Shōnen, Shōjo, Seinen… Les questions que se posent les parents

→ Un garçon peut-il lire un manga shōjo ?
 Bien sûr ! Les classifications ne sont pas des obligations. Un garçon peut tout à fait s’identifier à une héroïne, à ses émotions, à ses doutes. Les shōjo parlent d’humanité, de sentiments, de découverte de soi — autant de thèmes universels. Beaucoup de garçons lisent Fruits Basket ou Sailor Moon et y trouvent autant de plaisir que dans un shōnen.

→ Faut-il se méfier des mangas trop violents ?
 Oui, il est important d’être attentif. Si les mangas destinés aux enfants et jeunes ados sont généralement adaptés, certains titres plus « grand public » contiennent des scènes de violence, de suspense intense, voire de cruauté psychologique. Tous les shōnen ne sont pas « soft », et certains seinen sont clairement réservés à un public averti. Mieux vaut feuilleter les tomes, lire des résumés en ligne ou demander conseil à un libraire.

→ Ces catégories sont-elles vraiment fiables ?
 Pas toujours. Comme le souligne Ulysse, libraire chez Manga Sama à Libourne, un manga peut démarrer tout en douceur… et prendre un virage plus sombre ou violent au fil des tomes. C’est le cas, par exemple, de Spy x Family, qui mélange comédie familiale et scènes d’action tendues. Il faut donc aller au-delà des étiquettes marketing, et rester attentif au contenu réel de chaque série.

Comment accompagner son enfant dans ses lectures ?

La meilleure façon de guider son enfant, c’est d’en parler avec lui. Demandez-lui ce qu’il lit, ce qu’il aime, ce qu’il a ressenti. Mieux encore, proposez-lui de lire un tome ensemble, ou de feuilleter quelques pages. Cela crée un lien, une complicité, et permet de mieux comprendre ce qui le touche dans ces récits.
 Et si vous êtes un peu perdu, pas de panique : les libraires spécialisés sont là pour vous aider. Ils connaissent les séries, les auteurs, les publics visés. Un bon conseil en librairie, ça vaut de l’or !

Merci à Ulysse, libraire chez Manga Sama à Libourne pour son éclairage.

Nelly Deflisque