En cette période de confinement, de nombreux principes sur l’utilisation des écrans par les enfants volent en éclats. Pour Brune de Bérail, psychologue, il n’y a aucune raison de culpabiliser. Mais il est important que chaque famille s’empare de ce sujet.
Pour que les écrans restent un lien avec les amis, ouvrent sur le monde, offrent une liberté et de l’espace dans un quotidien forcément plus routinier et limité, il est nécessaire de penser de nouvelles règles d’usage, pour les enfants comme pour les parents.
On peut s’appuyer sur quelques principes généraux :
- éviter les écrans une heure avant le coucher (cela réduit énormément le temps et la qualité du sommeil ensuite) ;
- adapter le temps d’écran à l’âge des enfants (en assouplissant un peu la règle des 3-6-9-12 !) ;
- partager de temps en temps les écrans avec ses enfants, en faire un écran de partage ;
- et surtout, bannir l’exposition répétée aux actualités, qui nourrissent une anxiété inutile à la compréhension de la situation.
Une fois ces limites posées, on peut s’inspirer de la proposition de Caroline de Haas pour écrire ensemble une sorte de « charte du confinement ». C’est l’occasion de donner la parole à vos enfants, d’écouter leurs propositions, de les valoriser et de trouver des compromis entre vos attentes et les leurs. L’idée, c’est de profiter de la liberté que peuvent donner les écrans sans que ceux-ci deviennent toxiques ou envahissent totalement l’espace familial.
Un lien social essentiel
Par exemple, selon l’âge des enfants, mettez-vous d’accord sur un temps journalier auquel ils ont droit, en les laissant décider de quand et comment ils l’utilisent.
Pour les 5-10 ans, les parents peuvent aider à maintenir le contact avec les camarades en proposant des appels en visio et en leur créant une boîte mail sur un serveur « junior ». Les appels vidéo sont bien investis par les petits, même si leur manière de les utiliser n’est pas toujours la même que la nôtre !
Un espace de liberté
Dans un contexte de promiscuité, choisir ce que l’on regarde, à quoi l’on joue, permet de récupérer un peu de la liberté et de l’intimité perdue. Évidemment, il ne s’agit pas d’autoriser le vagabondage sur des sites ou le visionnage de films inadaptés à l’âge de l’enfant, mais on peut leur laisser un peu plus de marge de décision qu’habituellement. Ainsi, certains parents qui avaient choisi de ne pas recevoir les chaînes de télévision ont pris un abonnement, d’autres ont inscrit leurs enfants sur des réseaux sociaux, ou se sont mis à regarder des Youtubeurs avec eux…
Un lieu de « sorties » en famille
En dehors des contenus récréatifs ou de ceux donnés par les enseignants, on peut se servir des écrans pour organiser des « sorties », à choisir ensemble ou à tour de rôle : visiter un musée, voir un concert, un spectacle de clown, de danse ou de théâtre, visiter un pays… Les possibilités sont nombreuses !
Dans ce contexte, l’usage des écrans dans chaque famille est à inventer ensemble. L’utilisation des différents médias peut être un facteur d’isolement et de repli sur soi (chacun dans son coin sur son écran) qui aggrave le sentiment d’isolement déjà très accru par le confinement. Mais un usage réfléchi des écrans, à la suite d’une discussion sur la manière de les investir, peut aider à dégager un espace d’échange, d’expression et de liberté pour chacun. Il y a fort à parier que d’ici quelques semaines le rapport de chacun aux écrans se sera transformé, alors autant être actif dans les transformations à venir.
Pour poser vos questions sur le confinement, envoyez un mail à n.benazdia[at]milan.fr