Brune de Bérail, psychologue, répond aux questions que vous pouvez vous poser pendant le confinement. Pour débuter cette série, nous lui avons demandé comment organiser la journée pour que l’école à la maison puisse se dérouler de manière sereine.

 

Par où commencer quand on veut faire l’école à la maison ?

Brune de Bérail : Il est important de poser rapidement un cadre et une routine pour vos enfants. Ils en ont besoin. Restructurer le temps, le rythme et les espaces va permettre de maintenir du sens dans cette période qui nous met tous à l’épreuve. Personne ne sait quand le confinement va se terminer et les adultes peuvent avoir du mal à envisager le futur. Par contre, l’enfant sera rassuré de pouvoir se projeter dans un quotidien régulier.

 

Et comment on s’y prend ? 

Pour cela, on établit un emploi du temps qui respecte celui de la semaine classique, avec école la semaine et repos le week-end, des horaires réalistes, souplement structurés en fonction des caractéristiques de la famille. Par exemple, école de 9H30 à 11h30, puis de 14h à 16h, avec des temps de récréations et des repas à heures fixes. On peut même créer des rituels dans la journée : sonner la cloche de la récré sur le mobile, marquer les débuts et fin de journée par une même activité (météo, lecture, un jeu, yoga…selon vos envies).

 

Quelles sont les activités à proposer ?

Idéalement, il faudrait que l’enfant puisse pratiquer une activité physique pendant environ une heure chaque jour. Forcément, il bouge moins à la maison que dans une cour de récréation. L’idée, c’est que dans la journée puisse s’alterner activités intellectuelles, physiques et artistiques. Ensuite à chaque famille de trouver l’organisation qui lui convient le mieux.

Où faut-il pratiquer ces activités ? 

On a parlé du rythme temporel, mais il est important aussi de ménager des espaces pour chacune de ces activités. Par exemple, le travail scolaire peut se faire dans la chambre de l’enfant, ou sur la table de la cuisine mais cela peut aussi être un coussin posé par terre. Le sport et les activités manuelles dans un autre lieu, etc. 

Ce qui compte c’est qu’un lieu soit identifié et prévu pour un type d’activité. Cette unité de temps et de lieu donne un cadre et un rythme rassurant qui permet à la fois de se projeter dans un avenir proche, de contenir les émotions et de garder le fil avec le monde scolaire que l’enfant retrouvera à la sortie du confinement. Un cadre permet de maintenir une contenance et une continuité avec les rythmes de vie et les objectifs habituels.

 

Beaucoup de parents se plaignent qu’ils n’arrivent pas à s’improviser instituteurs, comment les aider ?

C’est bien normal ! S’il y a une chose à éviter absolument- et pour la santé mentale de tous ! – c’est la confusion des rôles. Les parents ne sont pas des enseignants ou des instituteurs. Les parents répondent à la demande de l’instituteur, ils sont les médiateurs entre l’enfants et l’école, maintiennent le lien avec la vie scolaire. De la même manière qu’ils s’assuraient que leur enfant allait bien à l’école chaque jour, ils s’assurent que leur enfant suit les recommandations de leur enseignant. C’est très différent et primordial pour que ce confinement se déroule bien.

 

Et concrètement, comment l’expliquer à l’enfant ?

On peut très bien rappeler à l’enfant : « je ne suis pas ton maitre/ta maitresse, ce n’est pas mon metier, je suis là pour te transmettre ses messages et t’aider à faire le travail qu’elle /il te demande ». Cela évitera au parent de se mettre trop de pression et à l’enfant de se sentir trop oppressé par un adulte qui tente de remplir tous les rôles. Si un parent a du mal à suivre le programme proposé par l’école, la meilleure chose à faire est de contacter l’enseignante ou l’enseignant pour lui en parler et lui demander conseil. Les maitres et maitresses tâtonnent eux aussi dans la conception de cet enseignement à distance. Ils pourront écouter les difficultés que vous rencontrez, vous conseiller et adapter le travail en fonction de votre enfant.

 

En conclusion ?

Malgré la promiscuité et la nécessité de modifier beaucoup de choses dans nos quotidiens, il est important d’inventer un nouveau cadre pour que chacun conserve la place qui est la sienne, place de parent, d’enfant, d’élève.

Ce n’est pas facile, mais cela vaut la peine de tenir le coup sur l’aménagement de ce cadre qui facilitera la vie de chacun pendant la durée du confinement ainsi que lors du retour à l’école.

 

Propos recueillis par Norédine Benazdia 

Pour poser vos questions sur le confinement, envoyez un mail à n.benazdia[at]milan.fr